fin de la cavale pour j.p treiber

Après dix semaines de cavale, Jean-Pierre Treiber a été interpellé vendredi après-midi à Melun, en Seine-et-Marne, selon les autorités. L'ancien garde-chasse, qui s'était évadé de la prison d'Auxerre le 8 septembre, est accusé des meurtres, commis en 2004 dans l'Yonne, de Géraldine Giraud et Katia Lherbier.
Six personnes soupçonnées de l'avoir aidé dans sa cavale ont été placées en garde à vue, selon Christian Lothion, directeur central de la police judiciaire. Ces trois hommes et ces trois femmes, qui étaient des connaissances de l'évadé, devaient être entendus à Nanterre (Hauts-de-Seine) par les enquêteurs de la Brigade nationale de recherche des fugitifs.
Jean-Pierre Treiber, qui était également entendu à Nanterre vendredi soir, devait être transféré à Auxerre, où il devait être présenté devant un juge d'instruction en vue de sa mise en examen pour son évasion, a-t-on appris de source judiciaire. Il devait arriver à Auxerre dans la soirée et le juge des libertés et de la détention devrait suivre la demande du parquet de l'incarcérer, a-t-on expliqué de même source.
Jeudi, des policiers avaient pris en filature un de ses amis, qui les a conduits sans s'en rendre compte jusqu'à un appartement de Melun. Les policiers, qui voulaient s'assurer que Jean-Pierre Treiber, 46 ans, s'y trouvait bien, l'ont interpellé vendredi vers 16h30. Il était caché dans un appartement prêté par un ami. L'interpellation a été réalisée par les hommes du RAID et de la police judiciaire.
"Depuis son évasion, nous nous sommes intéressés à ses relations sentimentales et à ses connaissances, nous pensions qu'il reviendrait là où il avait ses bases", a déclaré vendredi soir le directeur central de la police judiciaire Christian Lothion lors d'une conférence de presse à Nanterre. "Il y a quelques jours nous avons localisé un appartement loué par un de ses amis. Nous avons resserré sur ce couple et nous avons eu la certitude qu'il était chez eux. On pense qu'il n'a jamais vécu dans le froid et dans l'humidité, il n'a pas mangé de racine ni de ver de terre. Mais c'était bien que lui croit qu'on le croie".
Précisant que les six suspects en garde à vue étaient "trois couples qu'il connaissait lorsqu'il était en Seine-et-Marne", Christian Lothion a déclaré que Jean-Pierre Treiber n'était "pas un homme qui allait se fondre dans le milieu délinquant".
Dans un communiqué, le ministre de l'Intérieur Brice Hortefeux a tenu à "féliciter très chaleureusement les différents services de la police nationale qui ont permis cette arrestation".
"A la suite de la reddition de Tony Musulin, après une cavale de quelques jours, et la découverte de la plus grande partie du butin du vol, c'est donc un deuxième succès majeur à mettre au crédit de la police nationale", a salué M. Hortefeux en observant que la "cavale" et la "tentative de mystification" de Jean-Pierre Treiber auront "duré moins de trois mois". Et le ministre de conclure: "le combat contre la délinquance sous toutes ses formes est permanent et porte ses fruits".
Michèle Alliot-Marie a elle aussi "félicité" et "remercié les services de police et de gendarmerie qui ont permis l'interpellation de Jean-Pierre Treiber". Dans un communiqué, la garde des Sceaux a rappelé que "cette interpellation permettra au procès de se dérouler comme initialement prévu au printemps prochain devant la cour d'assises de l'Yonne". Il devrait se tenir en avril.
"Je me réjouis que les services de police aient enfin réussi" à appréhender Jean-Pierre Treiber, "j'ai très mal vécu ça", a pour sa part déclaré Roland Giraud, le père de Géraldine Giraud, sur i>télé.
"C'est la fin d'un suspense qui était insoutenable" et d'une "attente insupportable", a souligné Me Francis Szpiner, avocat de la famille Giraud, qui a exprimé sa satisfaction sur France Info. L'avocat a par ailleurs dénoncé cette médiatisation "qui consistait à faire passer un homme qui a été renvoyé devant la cour d'assises pour un double assassinat" pour "une sorte de Robin des bois". "Il y avait même une indécence dans l'exploitation des lettres et de la présentation" de Jean-Pierre Treiber, a-t-il jugé.
"M. Treiber va maintenant faire face à ses juges. Ce sera plus difficile que d'être face aux journalistes", a ajouté Me Szpiner. "Et nous nous en réjouissions".
Le 8 septembre, Jean-Pierre Treiber avait réussi à s'évader de la maison d'arrêt d'Auxerre en se dissimulant dans une palette de cartons qui avaient été chargés à bord d'un camion. Un subterfuge qui lui avait permis de prendre la fuite lors d'un arrêt à quelques kilomètres d'Auxerre.
Recherché depuis par les enquêteurs de la police judiciaire, Treiber avait été notamment filmé les 15 et 16 septembre par une caméra de police à Bréau (Seine-et-Marne), un village où il avait vécu au milieu des années 1990. Les photos de son passage avaient été diffusées par "Le Figaro Magazine".
Jean-Pierre Treiber avait réussi à échapper à la police lors d'un rendez-vous organisé le 9 octobre dans la forêt de Bombon (Seine-et-Marne) avec sa compagne. En dépit de la présence des hommes du RAID, il avait réussi à prendre une lettre qui lui était destinée avant de disparaître dans les bois. De source policière, on précisait jeudi qu'il avait écrit ces dernières semaines plusieurs lettres à son amie, Blandine, qui venait le voir régulièrement en prison. AP